Cette semaine avec la pluie et maintenant le soleil, c'est le début de la pleine floraison au ras du sol dans la garrigue. Les grandes classiques de la garrigue printanière sont présentes et se mélangent, apportant de nombreuses taches de couleurs variées.
Le thym commun, dorénavant en pleine floraison, est un must, le roi de notre garrigue, et pourtant son nom latin est thymus vulgaris. Quelle vulgarité pour un prince ! Autant l'appeler farigoule, c'est son nom local, en occitan ou en parler alésien. Des petites fleurs minuscules du mauve au blanc que l'on froisse entre deux doigts pour en exhaler toutes les senteurs et les arômes. C'est la plante aromatique par excellence. Tous les français l'utilisent en cuisine, sous forme de bouquet garni en duo avec des feuilles de laurier séchées ou dans le fameux quatuor des herbes de Provence, en mélange avec du romarin, de l'origan et de la sarriette.
Parmi les touffes de thym, fleurissent maintenant, en belles touffes également, les aphyllantes de Montpellier avec leurs délicates petites fleurs bleues qui sortent chacune d'un bouton noir allongé. Un superbe exemple d'adaptation au climat sec, puisque ces plantes ont carrément supprimé leurs feuilles, pour réduire au maximum l'évaporation.
Nombreuses sont aussi les fleurs jaunes de diverses espèces : toutes sortes de renoncules dont celles communément appelées boutons d'or, des crépides et autres espèces bien difficiles à identifier. Au ras du sol des hélianthèmes d'Italie affichent leur jaune éclatant.
A 30-40 centimètres du sol s'épanouissent de belles épervières, aux pétales terminés par cinq dents qui évoquent le bout des ailes des rapaces
et les minuscules fleurs jaunes pâle de la lunetière lisse, ainsi nommée à cause de ses graines doubles en forme de lunettes rondes qu'on observera en été.
Tout ce mélange de couleurs ne serait rien sans le blanc immaculé des hélianthèmes des Appenins dont les pétales si fins font penser à du papier à cigarettes froissé. Ces fleurs sont réputées ne s'ouvrir qu'une seule journée par an.
Plus courantes, souvent au bord des fossés, sont les silènes, qui comptent de nombreuses espèces, et dont les pétales blancs sortent d'une capsule ovoïde translucide. Celles-là même qui, durcies pendant l'été, éclatent sous les doigts des enfants. C'est pourquoi on les appellent parfois ces fleurs pétaïre ou pétarel.
Au chapitre du blanc, il faut aussi révéler le charme paresseux de la dame d'onze heures, qui n'ouvre en étoile ses six pétales blanc lumineux que tard dans la matinée et les referme tôt dans l'après-midi. C'est toute une joie de les découvrir à la bonne heure au détour d'un chemin.
D'autres fleurs plus rares ou plus isolées ont aussi des mystères à dévoiler.
La fleur du salsifis austral, observée sur les hauteurs de la Lèque, constitue une singulière et grande étoile verte à huit branches dotée d'un cœur mauve appuyé. Toutes les parties de cette plante sont réputées comestibles. On préférera peut être en admirer l'étoile, qui donnera plus tard les graines à parachute, (des akènes, comme celles des pissenlits) les plus grandes de la garrigue.
En se promenant vers la table des Turcs, un chemin forestier recèle une autre merveille printanière de la garrigue, les pivoines sauvages ouvrent leurs grandes fleurs rouges à cinq pétales. A admirer en passant. On peut quand même s'arrêter, mais sans en cueillir aucune, bien sûr, car ces fleurs très rares dans la nature sont menacées de disparition.
Moins rares sont les muscaris à toupet dont les grappes florales combinent le long de la tige et de bas en haut, des fleurs fertiles, verdâtre puis brun violet, et de belles fleurs stériles violettes rassemblées en houppe au sommet. Une organisation bien singulière à vrai dire.
Pour ne lasser personne, on vous garde pour plus tard les autres fleurs observées et photographiées ces deux dernières semaines.
(à suivre)
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