lundi 26 février 2018

Le four à charbon de bois témoin d'une activité ancienne à Méjannes

Certains méjannais se demandent ce qu'est ce fût métallique exposé depuis peu entre le parking d'Utile et la route départementale. C'est, comme l'indique le cartel métallique, un four à charbon de bois. Il était, depuis une quinzaine d'années, installé sur le parcours de l'Espace Détente, proche de la cabane du charbonnier.
L'histoire de Méjannes est depuis longtemps liée à celle du bois. Bois pour les fours des maîtres verriers au XVIIe et XVIIIe siècles, bois pour la fabrication de charbon de bois et de gazogène. Un film présenté il y a quatre ans "Công binh" expliquait comment les travailleurs indochinois étaient venus, pendant la 2ème guerre mondiale, fabriquer du charbon de bois sur le plateau de Méjannes le Clap.
Les fours à carboniser étaient des fours métalliques dans lesquels s'opérait la transformation du bois en charbon de bois. Pendant la 2ème guerre mondiale, ce charbon de bois a servi à la fabrication du gazogène, un gaz combustible, ersatz de l'essence devenue rare. Des fours de ce type, mais au format industriel, fonctionnement encore aujourd'hui dans le Sud-Ouest de la France.
L'emploi de fours de carbonisation métalliques transportables de forme cylindrique s'est répandu en Europe à partir des années trente. Durant la deuxième guerre mondiale la technique en a été perfectionnée par le Laboratoire de recherches sur les produits forestiers de Grande-Bretagne et diverses versions du modèle original ont été utilisées en Europe. Cette technique s'est transmise vers la fin des années soixante aux pays en développement, notamment grâce à l'action entreprise par le Service forestier ougandais.
Un homme peut conduire jusqu'à une dizaine de ces petits fours. L'opération comporte une phase de carbonisation de 2 à 3 heures, suivie d'une phase de refroidissement d'environ 3 heures. Un ouvrier expérimenté peut faire deux cycles par jour avec 10 fûts produisant chacun jusqu'à 30 kg de charbon par jour. Autrement dit, un seul homme utilisant 10 fûts peut produire  une tonne et demie de charbon par semaine de 5 jours, s'il dispose d'un approvisionnement suffisant en bois préparé.
Par comparaison avec les méthodes traditionnelles de carbonisation, les fours faits de fûts métalliques ont un coefficient de conversion relativement élevé' avec des rendements qui atteindraient 23% (par rapport au poids de bois sec). Le principal inconvénient de la méthode est que le bois à carboniser doit être débité en morceaux de moins de 30 cm de long et d'un diamètre maximum de 5 cm pour obtenir des résultats satisfaisants. Cela implique un travail considérable de préparation de la matière première.
Un charbonnier traditionnel (carbonisation lente) fabriquait encore il y a une dizaine d'années du charbon de bois à Méjannes !

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